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Côte d’Ivoire : Conditions de vie difficiles

14 Mai 2009
 

Le seuil de pauvreté (48,9% en 2008) établi par les autorités ivoiriennes ne semble plus refléter la réalité à raison de l’aggravation des conditions de vie précaires des ménages.
Conditions de vie précaires, accès difficile aux soins de santé, nombre de repas strictement limité, effritement constant du pouvoir,…le bout du tunnel ne semble pas être accessible dans un futur proche pour les ménages en Côte d’Ivoire. L’appauvrissement des populations a atteint un seuil inquiétant depuis 2008 avec un taux de 48,9%. En effet, la pauvreté en tant que concept multidimensionnel et complexe, est généralement représentée sous trois dimensions : la dimension monétaire, le manque ou la non satisfaction des besoins vitaux et l’aspect sociologique et psychologique.
Selon le Document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp), le seuil de pauvreté monétaire a été réévalué à chaque dépense de consommation inférieure à 241.145 Fcfa par an, soit 661 FCfa par jour. C’est-à-dire un peu plus d’un dollar. Pour de nombreux ménages, eu égard à leurs difficultés, ce seuil ne reflète plus la réalité. Daniel NGuimbous, agent de communication, la quarantaine, se demande encore si vivre avec 641 F par jour en Côte d’Ivoire a un sens.
La misère persiste «Ce serait utopique de faire croire qu’avec un peu plus d’un dollar on peut vivre correctement. Qu’est-ce que ce montant représente réellement pour l’ensemble des postes de dépenses à réaliser par jour. Il faut se déplacer, se nourrir et en cas de maladie se soigner. Croyez-vous que ce montant peut vous satisfaire ?», questionne-t-il, l’air effaré. En plus de la popote de 2000 Fcfa qu’il laisse à son épouse, explique-t-il, il sort au minimum avec 1000 Fcfa par jour. «La popote, c’est pour mes enfants. Moi je me débrouille avec les 1000 Fcfa jusqu’à la descente du travail. Donc j’utilise 500 Fcfa pour le déjeuner et j’emprunte le bus à 200 Fcfa, ce qui fait en aller retour 400 Fcfa par jour pour mon déplacement vers le Plateau où je mène mon activité. Hormis les questions de santé, vous voyez bien que mes dépenses journalières sont largement supérieures au seuil de 641 Fcfa indiqué», déplore-t-il ce lundi 4 mai à proximité de ses bureaux. A l’image de M. NGuimbous Kobenan, nombreux sont les ménages qui estiment que leur pouvoir d’achat a considérablement baissé ces dernières années, du fait de la cherté de vie. Par conséquent, vivre avec 641 Fcfa par jour ne change pas réellement quelque chose à leur quotidien. «On ne sait pas réellement sur quelle base, on fixe ce seuil de pauvreté. Bien au contraire, avec 641 Fcfa par jour, on est encore plus pauvre que l’on imagine. Tout a augmenté sur le marché. En dehors du carburant qui est revenu à son niveau d’avant juillet 2007, les produits alimentaires continuent d’afficher une hausse malgré certaines mesures prises par le gouvernement. Donc la situation ne s’est pas améliorée », fustige Kobenan Bi Makoua administratif dans une entreprise de la place. Il est difficile pour un travailleur avec un salaire moyen de vivre décemment avec sa famille. «Nous sommes en Afrique avec ses réalités. On ne travaille pas pour soi-même mais pour toute une grande famille qui a les yeux rivés sur votre revenu. C’est une situation vraiment intenable», s’alarme-t-il. Les conséquences de la sociopolitique mais également de la nouvelle crise économique affectent le portefeuille des ménages. Toute chose qui contribue à les appauvrir davantage. Les activités économiques et agricoles, explique M. Kobénan, connaissent un ralentissement du fait du conflit ivoirien, surtout dans les zones rurales. « Les paysans ont déserté les plantations à cause de la guerre. Ce sont des facteurs qui ont contribué à la baisse de leurs revenus, donc à les appauvrir. Cela veut dire que ceux qui avaient une situation assez stable, ont été fortement percutés par les effets de la crise politique. La crise financière et économique est venue amplifier cela avec une baisse des cours et une mévente des produits agricoles sur le marché mondial », renchérit-il.
Dans lequel la pauvreté touche fortement les travailleurs du monde rural informel et dans une moindre mesure, ceux du secteur informel non agricole. En effet, le taux de pauvreté est de 64,7% dans le secteur rural informel, 36,1% dans le secteur informel non agricole et 35,5% pour l’agro-industriel. Il est de 19,1% pour le secteur public et parapublic et de 19,4% dans le secteur privé. Au niveau des centrales syndicales, le constat est amer. « On ne peut pas vivre avec un dollar par jour actuellement en Côte d’Ivoire. Il suffit d’acheter du poisson et de l’attiéké, c’est fini. Ce seuil doit être réactualisé. C’est notre lutte actuelle. On a l’impression que c’est même moins d’un dollar vu la souffrance des populations. C’est la moyenne, mais il y a des gens qui restent toute une journée aujourd’hui sans manger. Ils se contentent d’une tranche d’ananas parce que c’est moins cher, sucré et humide pour donner du tonus à l’organisme.
Les centrales syndicales frustrées C’est la triste réalité des Ivoiriens», accuse Adé Mensah, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (Ugtci). Pour lui, on ne peut continuer de prétexter de la guerre pour assister les populations s’appauvrir chaque jour. «Il y a des choses qui se font sous nos yeux. Nous voyons de grosses cylindrées flambant neuves circuler, des grands bâtiments qui sortent de terre dans plusieurs quartiers. Or on dit que quand le bâtiment va, tout va bien. C’est tout à fait le contraire que nous voyons en Côte d’Ivoire. On ne comprend rien. On se croirait aux Etats-Unis dans certains quartiers. Quand vous vous renseignez sur le nom du propriétaire, vous êtes totalement surpris. Cela n’explique pas la pauvreté à un certain niveau», critique le premier responsable de vieille centrale, apparemment estomaqué. Il souligne que c’est un véritable paradoxe. Car en dépit du contexte économique et social difficile où les salaires des travailleurs n’ont connu aucune hausse, le train de vie de certaines personnes reste extrêmement élevé, narguant à la limite les pauvres populations. C’est eu égard à cela, précise le leader syndical, que les centrales ont demandé la revalorisation du Smig. «Le travail est déjà fait, il ne reste plus qu’à le valider avec l’ensemble des partenaires sociaux et l’Etat. On n’a pas le choix aujourd’hui car la pauvreté prend des proportions inquiétantes. J’ai un ami qui est venu me voir un jour au bureau pour me demander un peu d’argent. Ce jour-là, je n’avais pas grand-chose dans ma poche et lorsque je lui ai remis la somme de 200 Fcfa, il était tout heureux et s’est mis à genoux pour me remercier. Pourtant je croyais qu’il allait me dire que je me foutais de lui. Mais je me suis aperçu qu’il avait effectivement besoin de ces pièces de monnaie. C’est ce que nous vivons chaque jour. C’est suffisamment grave», maugrée Adé Mensah. Selon Traoré Dohia, secrétaire général de la Fédération des syndicats autonomes de Côte d’Ivoire (Fesaci), «fixer le seuil de pauvreté à un peu plus d’un dollar par jour, c’est méconnaître la réalité sur les conditions de vie des populations ivoiriennes.» «L’environnement socioéconomique en Côte d’Ivoire est marqué malheureusement par la fermeture ou la délocalisation de nombreuses entreprises, les investissements se sont raréfiés, la production ne suit pas, le taux de chômage a augmenté de façon vertigineuse et a atteint un seuil de non retour. Les seules personnes qui travaillent et qui ont un revenu mensuel, sont confrontées à des charges énormes avec le nombre important de personnes à nourrir et à soutenir», dépeint-il, estimant que les statistiques actuelles avec le taux de pauvreté de 48,9% de la population sont symptomatiques de la déflagration du tissu social en Côte d’Ivoire.

 

by AfricaTimes

 
 
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